The Light House, lumières sur la Villa Empain

04/02/2021
Kimsooja ©SisterArt
Kimsooja ©SisterArt

SisterArt@Fondation Boghossian pour l'exposition The Light house. Véritable bain de soleil hivernal à la Villa Empain ! Dès notre arrivée dans le hall, une lumière éclatante nous éblouit. On pourrait avancer qu'il s'agit de luminothérapie, mais c'est une cascade de néons de Mounir Fatmi. The Light House, ce sont des jeux de lumières et de couleurs, de nombreuses sources électriques et numériques qui répondent à des jeux d'optique, des matières réflexives et des trompe-l'œil colorés. The Light House c'est le tour du magicien : d'abord, il y la lumière, ensuite l'effet produit par cette lumière sur nos sens. Après viennent notre curiosité pour le mécanisme et la remise en cause de nos perceptions. Quel est le truc ?

Coups de Cœur des Sisters

Respirer dehors dedans avec Kimsooja

Kimsooja est une artiste coréenne engagée. Nous l'avions découverte avec son installation Bottari, exposée lors de la dernière Documenta, et qui traitait des migrations. Elle nous avait déjà touchées. Ici, l'artiste propose une œuvre poétique et délicate avec To breathe (2020). Une œuvre en apparence graphique mais en réalité immersive. L'œuvre se vit.

En effet, l'installation s'intègre à la Villa Empain presque naturellement. Elle tire profit des reflets intérieurs et extérieurs qui modifient la vision dans des halos et des rayonnements aux effets surnaturels. Kimsooja invite à l'observation poétique du dedans qui se reflète au dehors comme des ombres évanescentes. De l'extérieur, c'est un autre effet qui prend place, plus méditatif. L'œuvre joue avec la lumière du jour et, à chaque instant, une nouvelle expérience prend place. C'est un tableau vivant, en évolution permanente.

Vue de la piscine à travers To breathe - Photo SisterArt

Le mirador de Nadia Kaabi-Linke

Au début, on ne le voit pas. On s'interroge un instant, et soudainement, il est là : le mirador ! Projection du sol au mur qui semble venir d'un appareil savamment caché… En vérité, c'est un trompe-l'œil, une peinture d'ombre. L'ombre portée d'un géant invisible.

C'est avec grande classe que Nadia Kaabi-Linke aborde dans cette pièce deux sujets carrément trash : l'oppression, et la violence faite aux femmes. Nous connaissons parfaitement ces thèmes, que nos sociétés savent parfaitement occulter. Mais les traces restent avec leur lot de violence sourde.

D'un côté, l'omniprésence de la surveillance, technologique ou non, qui n'est palpable que si on prend le temps de voir. Le mirador est un mirage, présent sans être présent. 

De l'autre côté, des plaques transparentes gravées qui se projettent sur le mur. Commémorations ? Plaques funéraires ? Pour savoir ce qu'elles disent, il faut s'approcher. Et là, on comprend qu'il s'agit de cicatrices de femmes battues, victimes de violences conjugales.

Nadia Kaabi-Linke sait travailler avec le silence, son approche est subtile et ne cherche par à choquer, mais elle dénonce avec une incroyable puissance. 

Photo - Nadia Kaabi-Linke, All Along the Watchtower, 2012 - © Andrea Anoni

All Along the Watchtower
All Along the Watchtower

Constellations : une hypnose luminescente de James Turrell

Ci-dessus extrait de la Série Constellation sur Google Recherche d'Images

Ses recherches d'avant-garde sur la lumière, les perceptions et les impressions qu'elle laisse sur nos sens, ont fait de son œuvre un incontournable du genre. James Turrell nous plonge dans son Aquarius, Medium Circle Glass (2019) pour nous hypnotiser ! 

L' installation donne une impression de voyage… galactique, et bien que la pièce ne soit pas chauffée, une sensation de chaleur nous imprègne. James Turrell nous tient ! Par les couleurs chaudes qui vibrent en nous et nous scotchent là, le temps s'arrête, nos identités fondent et s'immergent dans cet espace devenu infini. 

Charles Sandison : art numérique unique en son genre 

Light and Darkness (2020) est une œuvre de très haut niveau de laquelle se dégage une poésie visuelle particulière, un langage esthétique unique en son genre. On reconnaît immédiatement un Sandison ! Nous avons d'ailleurs eu l'occasion de le voir à Venise et à Paris sur les murs du Grand Palais, et au musée du quai Branly.

Light&Darkness_Sandison©A.Anoni
Light&Darkness_Sandison©A.Anoni

A l'aide de programmes informatiques et d'algorithmes, Sandison s'immisce un peu partout : au sol, aux murs, sur des façades, dans des couloirs… et même dans nos cerveaux. A voir cette œuvre, on passe en toute simplicité de la plénitude à l'oppression ! Codes, mots, symboles sont assemblés et rythmés. Et ce rythme est particulier, fluide et continu, superposé aux mouvements des mots qui s'éloignent ou se rapprochent, s'agglutinent. L'ensemble forme une symphonie. Les mots sont des pensées, plus exactement les flux de nos pensées, qui naviguent entre ténèbres et lumières.

A l'instar du maître de l'art numérique Ryoji Ikeda, Sandison nous aspire irrésistiblement dans son univers esthétique. 

I don't try to make a copy or representation of something and I don't make objects. I try to create something that has its own life.

Charles Sandison

Denis Parren : La lumière qui éloigne des ténèbres

CMYK Corner (6/12), (2012-2020) © Dennis Parren
CMYK Corner (6/12), (2012-2020) © Dennis Parren

L' emplacement peut paraître curieux de prime abord, mais CMYK CORNER (2020) du designer Denis Parren se fait remarquer parce qu'elle se trouve dans un coin de la boutique de la Villa Empain, et que nous avons vu un autre exemplaire à la fin du parcours Danser Brut à Bozar.

 C'était le souhait de Louma Salamé, commissaire de l'exposition, pour défendre l'idée que la culture se développe en réseau entre musées publics et privés. C'est pourquoi ces luminaires futuristes investissent les coins d'autres lieux en Belgique et dans le monde.

L' édition limitée de Denis Parren a tout pour plaire : surprenante, esthétique, ludique, scénographique ! L'effet est immédiat et génial.

Crédits photos Dennis Parren, CMYK Corner (6/12), (2012-2020) © Dennis Parren

A noter, le livret explicatif et didactique de l'exposition, qui reprend les grandes découvertes sur la lumière : soleil, photons, néons, rayons X, led, collisionneur du CERN…

Un programme lumineux à découvrir jusqu'au 18 avril 2020 - réservations obligatoires sur https://www.villaempain.com/expo/the-light-house/

SisterArt asbl Non profit organisation